Vous
êtes en Italie, avec vos parents, loin de votre épouse
que vous n’aimez peut-être plus (du moins vous
doutez), loin de vos enfants, loin de votre travail,
loin du train-train quotidien. Vous êtes dans un
bar et une jeune fille vous laisse un petit carton
avec ses coordonnées et un mystérieux « j’étais
derrière toi » écrit en italien. Que
faites-vous ? Vous oubliez, vous vous en amusez ?
Vous rappelez ? Le narrateur, lui, rappelle…
C’est
ainsi que démarre le dernier roman de Nicolas
Fargues, auteur du remarqué « One
Man Show », qui dévoile les tourments
sentimentaux qui animent un jeune trentenaire,
partagé entre une femme dominatrice avec qui il
entretient une relation passionnelle mais chaotique,
et une rencontre légère et impromptue avec une
jeune danseuse italienne, signataire du fameux petit
mot, et avec qui l’auteur se sent heureux et
libre. Roman sur le choix des sentiments, sur
l’infidélité et la passion, roman sur la rupture
amoureuse et sur le désarroi et la confusion
psychologique, J’étais
derrière toi ressemble à beaucoup
d’autres romans : le sujet a été maintes
fois traité dans de nombreux romans, plus ou moins
récents, même s’il est en nette recrudescence
dans le paysage littéraire actuel.
C’est
en cela que, de manière générale, ce livre déçoit
fortement. On a tout le temps l’impression que Nicolas
Fargues tente de s’extraire de son histoire
finalement convenue - un homme hésite à quitter sa
vie sentimentale installée pour l’inconnu(e) –
et n’y arrive jamais. Pourtant, la manière de
construire le récit est moderne, et plutôt
efficace : il s’agit d’un long monologue
sans aucune pause (comprendre : sans aucun
paragraphe ni chapitre) de notre héros qui raconte
sa vie amoureuse à un témoin (ami ? lecteur ?)
en le prenant souvent à parti. L’auteur se perd
dans la chronologie de son histoire, il tente de
comprendre lui-même, au fur et à mesure de ses
explications, comment il en est arrivé à la
situation au moment du récit – que je ne dévoilerai
pas, bien entendu…au premier quart du livre, une
dizaine de pages assez étranges, glauques et
fascinantes laissent penser à un tournant un peu
malsain de ce livre sans aspérités, mais le récit
retombe vite dans l’intrigue archi-classique, les
atermoiements « petit-bourgeois » de cet
homme tiraillé par la dualité de ses sentiments
(comme tout le monde, finalement). Par contre, Fargues évoque avec talent une Italie certes un peu « cliché »,
mais de manière tellement réaliste et sincère que
cela emporte l’adhésion. Quiconque ayant déjà
effectué un voyage dans ce magnifique pays appréciera
sa description par le jeune homme. Pour le reste, à
moins d’être friand de romans sur l’adultère
et la passion tourmentée, je vous propose de passer
à d’autres lectures…
Jean-François
Lahorgue
Date de
parution : 02/03/2006
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