William
Pierre est incontestablement un féru de
musique. C’est ce que l’on pense dès les premières
pages de son roman : d’entrée, il brosse le
portrait vite attachant d’un DJ, Romain et de son
meilleur ami, Premiah, gardien de square, kleptomane
et amoureux torturé. Ils partagent ensemble la
passion de la musique, ainsi que des affiliations
plus ou moins étroites avec la mafia locale de
Plaine, ville où se déroule l’action. En effet,
Romain est le fils de Baach, chef de la Famille, et
Premiah devient rapidement, suite à de nombreux
rebondissements, indic’ de la police pour éliminer
le paternel de son pote…
William
Pierre est donc féru de musique, et
probablement aussi de télé et de cinéma :
impossible de ne pas penser à des films de Scorsese,
de De Palma,
ou aux Soprano
en lisant les péripéties des protagonistes de ce
cercle mafieux… C’est probablement la partie la
moins intéressante du roman, celle où l’écriture
se veut assez démonstrative, pas toujours
captivante (un peu de "déjà vu" y est
pour beaucoup) et où l’auteur s’embarrasse
finalement d’un scénario qui peine à rester
dynamique.
On
préfère les rares moments, dans les deux premiers
tiers du livre, où l’auteur évoque des morceaux
de musique et des artistes : les passages où
Romain passe les disques préférés des morts pour
leurs funérailles sont très réussis, les références
littéraires à Proust ou à Blaise Cendrars
également. Il est rare de parler des Silver
Apples, de Devo,
de Cohen
ou des MC5 dans un roman français…Cela en est réjouissant. Pierre
impose une vision acérée et presque fanatique de
morceaux qu’il nous apparaît tout d’un coup, à
la lecture de ce livre, urgent de réécouter –
aaah…., le slow down frénétique de The
Jam !
Enfin,
tout s’accélère, la dernière partie du livre
devient rythmée, alerte, passionnante, comme le
refrain final d’une bonne chanson pop. Les
aventures tragi-comiques de nos deux compères se
terminent par un festival de coups de théâtre,
l’écriture se fait plus souple, moins académique,
presque rock. On retiendra davantage ces ultimes
pages que la première moitié moyennement
convaincante de Samedi
Soir, un DJ m’a sauvé la vie.
Il
reste cependant que ce jeune écrivain peut se
montrer passionnant quand il s’oublie dans sa
passion musicale, en laissant de côté les intrigues
policières convenues. On se plaît à imaginer William Pierre concevoir un essai de ses musiciens préférés comme
le Sur le Rock de
François
Gorin…
Jean-François
Lahorgue
Date de
parution : octobre 2006
Plus+
www.myspace.com/samedisoirundj
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