Extension du domaine de la folie. Victor travaille dans les assurances (on a vu plus gai) et enregistre ses pensées sur un magnétophone. Il a perdu son père (il est mort) et sa copine, Marion (elle est partie).
Tout en menant sa vie de bureau, "notre héros" comme aurait écrit
Houellebecq (qui a lui aussi formidablement bien campé les univers de bureaux) essaie de trouver sa place dans ce monde qu’il comprend si mal et qui l’interroge. On sent bien, dès le début de ce "conte à rebours" que quelque chose va se passer : le récit est rythmé par un décompte.
Tout commence, semble-t-il pour Victor quand il tombe un jour sur un vieux numéro de
Paris Match qui relate les pas de l’homme sur la Lune. Il se passionne pour l’expédition Apollo et pour Neil Armstrong, au point parfois de ne plus pouvoir faire autre chose que lire cette revue datant de 1969.
En 209 séquences plus ou moins longues,
Xabi Molia, déjà auteur d’un livre chez Gallimard
(Fourbi mais signé sous un autre nom), décrit bien la façon dont peu à peu, le monde se dérobe sous les pieds de Victor, un anti-héros moderne, qui voit ses repères et le peu de certitudes qu’il avait encore s’évaporer au fur et à mesure qu’il décrypte des petits ratés de la vie.
Victor a une explication toute trouvée : on m’a à l’oeil. C’est pourtant un type parfaitement lisse, mais en lui naît et se propage à vitesse grand V la parano, un mal sournois qui le dévore. On rarement eu autant la pétoche en lisant un livre où il n’y a ni fantômes ni monstres. Ou peut-être un de monstre, que l’on croise sans le savoir tous les jours chez des gens et que le masque d’impassibilité nous empêche de voir : le mal être.
Jean-Marc Grosdemouge
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