roman

Régis Jauffret - Univers univers   

Verticales - 2003

 

 

 

    Place au vide psychotique où des destins, tous plus absurdes les uns les autres, prolifèrent dans un rythme abscons de plus en plus frénétique qu’il en devient morbide… Régis Jauffret nous a habitués à des livres aux univers clos et plutôt macabres, et celui-là ne fait pas exception à la règle. 

A partir d’une trame très mince (une femme attend son mari et d’autres invités, en faisant cuire un gigot…), il sait désosser, comme le ferait un Francis Bacon en peinture, les vies médiocres que son "héroïne" imagine, ou mieux encore, croit avoir vécu… 

 

    Sous le versant d’un délire schizophrénique sans issue, voici un livre faisant un constat implacable et de plus en plus désabusé sur l’humanité, qui fascine, amuse et dégoûte tour à tour le lecteur qui se sent lui aussi malmené…

 

    Avec Jauffret, pas de sublimation possible ; nos vies se ressemblent toutes, emmurées dans une absurdité étouffante qui conduit inévitablement vers un anéantissement physique et psychique. Car les différents scenarii de (non)vie imaginés par son personnage confinent évidemment plus au cauchemar qu’au rêve, et avancent vers une logique nihiliste et abstraite dont l’issue, certaine, ne laisse de place que pour la mort et le chaos. Dans cette réalité étouffante et morbide, aucun espoir.

 

Le propos de cet écrivain est d’ailleurs de plus en plus radical, son style de plus en plus clinique et mécanique, avec des mots qui semblent eux-mêmes s’enchaîner dans une logique sans fin. Il n’y a nul échappatoire, les vies d’emprunt n’arrivant pas (plus) à masquer le vide qui apparaît de plus en plus tentaculaire. Tout semble vain et dérisoire, et le lecteur lui-même craint d’être contaminé…

 

Livre à l’humour grinçant à éviter aux dépressifs chroniques et à réserver, peut-être, aux aficionados de Régis Jauffret.

 

Cathie