Drôle de bouquin pour un drôle de bonhomme. Ce dernier
roman qui n’en est pas un, mais plutôt une
auto-fiction, un genre littéraire qui semble très en vogue
aujourd’hui. Dans ce court texte (à peine 150
pages) Dustan raconte, sans raconter, comme
dans une sorte de journal intime trash, des choses sans
importance, sur un ton souvent provocateur mais avec
une verve incroyable, dans un style plus proche du
flow hip-hop que de la prose classique.
Dernier roman est un livre déconcertant
car difficile à apprivoiser. Déjà par le style. Dustan
écrit sans fioriture ni ponctuation, tout d’un
trait, d’un seul jet. Comme dans un rap, son texte nous parle
(et encore c’est pas sûr) d’un tas de choses. La plupart du temps, il ne
fait qu’effleurer son sujet plutôt que de le
traiter véritablement. Un défaut qui donne
d’ailleurs un côté nerveux et fourre-tout au livre.
En vrac, et sans réel lien entre les choses, il fait
d'abord une sorte
d’analyse sociologique sur le monde actuel qu’il
appelle "l’état matrix", puis nous parle
de ses connaissances mondaines, de ses musiques,
celles qu’il aime et les autres, de ses écrivains
mais ou ennemis.
Il règle aussi ses comptes avec le PS (on ne saura jamais
pourquoi), le
tout sur fond de vie parisienne branchée.
Difficile donc de se projeter
dans l’univers de Dustan (de toute façon
ce n’est pas le but), ni même de se raccrocher à
quelque chose tant tout semble ici assez décousu, sans
ligne directrice, sans début ni fin.
Dernier roman est un livre hermétique,
impalpable que l’on peut adorer ou détester pour
tout un tas de raisons valables ou non. Il peut être
vu comme une sorte de délire littéraire très
libre et peut tout aussi laisser indifférent son lecteur, qui risque
de se sentir au final un peu perdu dans ses
étranges pages.
Guillaume Dustan est un écrivain d’une
quarantaine d’années aux prises de positions
parfois sulfureuses. Énarque, homosexuel séropositif,
il a publié au cous de ces dernières années
Dans ma chambre, Je sors ce soir et Plus
fort que moi, romans dans lesquels il fait
l’apologie de son homosexualité dissolue.
Provocateur, il prône les relations sexuelles non
protégées entre séropositifs consentants. Écrivain
reconnu, il reçoit le prix de Flore en 1999 pour
son roman Nicolas Page et devient éditeur
d’une collection gay chez Balland. Il vit
aujourd’hui dans le Nord de la France.
Benoît
|