Richard Taylor est marié à
Susan, ils ont une petite fille qui vient de naître
et sont les heureux propriétaires d'un appartement
confortable dans un quartier paisible de Londres.
Arrive une voisine charmante, Jennifer Wilson, qui
se manifeste chaque nuit par ses cris et ses gémissements,
à rendre marteau le couple dont la propre vie
sexuelle affiche un drapeau en berne depuis des
lustres. Et puis survient l'impensable : Richard
disparaît.
Elles sont nombreuses, les femmes de sa vie, à
prendre la parole à chaque chapitre pour parler de
cet homme, expliquer ses silences et son mystère,
cerner sa disparition. On commence par l'épouse,
puis la collègue de travail, la mère, l'amie et
les rencontres de passage. Le temps passe, la vie s'écoule
et Richard prend l'ombre d'une silhouette perdue
dans le brouillard.
"La disparition de Richard Taylor",
nouveau roman d'Arnaud Cathrine, est une
histoire plutôt mélancolique et morose, où le
portrait d'un homme se dessine depuis les paroles
des femmes de sa vie. Ces dernières ne sont pas
toutes des conquêtes, des relations durables,
certaines sont simplement des rencontres du hasard,
de quelques heures, où un mot, une confession ont découlé,
créant parfois en un temps infime une connivence
pure et indescriptible.
Il faut aimer Arnaud Cathrine pour se plonger
dans son livre, pas que ce soit une lecture à déconseiller,
mais il faut s'attendre à un univers âpre et
subtil. L'écriture est très ciselée, l'auteur a
de plus pris le parti de parler au féminin, sur un
sujet masculin. Il n'a pas non plus hésité à
avoir recours aux spectres de Sarah Kane, la
dramaturge anglaise, et du roman de A.L. Kennedy
"le contentement de Jennifer Wilson".
C'est sombre et farouche, ça rappelle la fragilité
de la vie, l'absolue nécessité de prendre son
destin en mains, avec les risques que cela implique.
Moi j'ai bien aimé, mais c'est un roman sensible,
à ne pas mettre entre des mains délicates.
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 4 janvier 2007
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