roman

Entretien avec Pierre Drachline     

 

 

 

 

Quelques questions à propos de son dernier roman L'anchantée...

 

 

Malgré son titre, il y a beaucoup de désenchantement dans votre livre. Cela correspond t-il à votre nature, votre vue du monde ?

 

Pour être désenchanté, il faut a priori avoir été « enchanté », ce qui n’est pas mon cas. Optimiste désespéré ou pessimiste hilare, j’alterne selon les circonstances.

 

Et trouvez-vous réellement le genre humain aussi désespérant ?

 

Le genre humain considéré à l’instar d’une foule n’est pas désespérant mais lassant tant il inspire de la pitié. En revanche, les individus me passionnent. Chacun d’eux est une île déserte.

 

Votre texte est émaillé de mots rares, anciens ou inusités. Quelles en sont les motivations ?

 

Pourquoi devrais-je baisser la nuque au point de m’aligner sur la vulgarité ambiante et ses 500 ou 600 mots ? Je n’emploie pas un mot rare ou inusité pour produire un effet, mais parce que celui-ci s’impose par sa précision ou sa sonorité.

 

Quelques pages rendent hommage à des écrivains oubliés et d’autres tracent un portrait au vitriol d’un écrivain mondain. Est ce une manière de réhabiliter une certaine forme d’écriture ?

 

Julien Gracq prétend que « la chance de Mallarmé a été de toujours avoir cinq lecteurs prêts à mourir pour lui ». Un véritable écrivain ne peut pas être l’homme-sandwich de son œuvre s’il se respecte et respecte ceux qui le lisent. Evoquer des écrivains méconnus est une manière pour moi d’honorer ma dette envers eux. Aimer un écrivain implique de se comporter en passeur. Les bonnes nouvelles sont si rares !

 

Vous avez le sens de la petite phrase, sonnant comme des aphorismes ou des vérités, ce qui donne un style épuré et tranchant. Est ce un choix, une volonté ?

 

Un auteur, quel qu’il soit, c’est avant tout un style. Faute de quoi il n’est pas un écrivain mais un écrivant. N’ayant pas de souffle, vous comprendrez que j’accorde mes phrases à ma respiration.

 

Propos recueillis par Patrick

Novembre 2003