roman

Jérôme Lambert - La mémoire neuve  1/2

Éditions de L'olivier - 2003

 

 

 

    Une voiture file sur l’autoroute, Romain et Julien roulent dans la nuit. C’est Romain qui conduit mais c’est Julien qui connaît la destination, lui seul C’est pour lui un voyage impératif, le besoin d’un retour aux sources de l’adolescence – "aller voir ailleurs si j’y suis" - pour mieux couper ce cordon-là, tendre et aliénant.

Les lignes blanches de l’asphalte défilent, rythme hypnotique qui éclaire faiblement leurs visages. Les deux garçons s’aiment. Dans l’habitacle tiède et obscur, ils sont comme hors du temps, hors de toute contrainte hormis celles qu’ils s’imposent.

Ce soir, il s’agit pour Julien de régler son compte au non-dit de la fin de l’enfance, mettre à nu et en lumière un moment tu de son adolescence.

 

    A la saison froide, il choisit de revenir dans la maison qui fut celle de son enfance, de ses vacances entre sel et mer avec ses cousins. Là-bas, un été, il s’est passé quelque chose de fort et souterrain, une fêlure qui grandit depuis, un abandon d’un univers matrice, comme un reniement. Une rupture de liens pour en nouer d’autres, plus vénéneux.

Alors guérir d’une enfance, d’une adolescence, c’est peut-être ça, être adulte.

 

    Lire La Mémoire neuve de Jérôme Lambert (Ed. de l’Olivier), c’est aimer que tout ne soit pas dit d’emblée, mais que tout soit envisageable au fil des pages. C’est se perdre parce que Julien, le narrateur, se trouve finalement, en ayant sans doute cru se retrouver.

Avec des mots d’une poésie fragile comme un coquillage brisé qu’on retrouve au fond d’une poche, d’une force têtue, Jérôme Lambert évoque en pointillé, d’une écriture limpide, ce moment où l’on devient ce que l’on est, avec la plus grande tendresse, la plus grande attention à l’autre, mais aussi le souci de soi le plus cruel, le plus carnassier.

 

Christelle