Un
18 août, à Paris, vide et abandonné, près à
succomber à un orage, un homme et une femme se
rencontrent, se retrouvent, se sont donnés
rendez-vous. Cette femme est très pâle, trop
maigre, "elle était lisse et fine comme une
esquisse, une femme pas assez dessinée la chair pas
assez pleine", et lui a les yeux bleus, la mèche
de cheveux qui lui barre le front, il la suit dans
le Luxembourg puis à son invite à l'hôtel. Très
vite entre eux deux le langage des corps va
s'ouvrir, plus loin que tous les mots pour expliquer
le silence, la souffrance et l'attente. Le corps
devance le désir, l'un et l'autre se donnent, c'est
un libre échange, ils ne sont pas deux, ils sont
ensemble. L'homme doit apprendre la douceur et la
brusquerie, la femme s'offre et se donne sans
compter, mais reçoit autant de plaisir que de
douleur. C'est très limite cette frontière entre
le plaisir et la souffrance ! Car chez cette femme
il y a une plaie encore trop ouverte, pourra-t-elle
s'en confier à lui ? Elle paraît lui accorder sa
confiance, en lui offrant son corps. De quoi donc
a-t-elle été flouée, au même titre que ses
rondeurs féminines ? Cette femme est brisée et
l'homme doit toujours se méfier, freiner pour
respecter "cette effroyable limite entre le don
et la méfiance, entre la licence et la précaution".
Débarquée de chez Actes Sud, Véronique
Olmi publie chez Grasset un nouveau roman
proche de l'érotisme. La pluie ne change rien
au désir est très charnel et sensuel. Chez le
lecteur habituel, la même espérance n'est plus.
L'auteur bouleversant de Bord de mer
s'aventure vers un territoire différent, mais également
proche d'elle. Dans ce nouveau roman, il y a la
figure de l'héroïne fragilisée et cassée, un
passé obsédant et secret, et surtout une suavité
dans les rapport homme-femme très, très licencieux
! Véronique Olmi ne s'attache à
rien, finalement. Elle raconte son histoire, prenez
une femme qui n'a rien d'une femme, sinon une
attente de sexe très forte et encore présente, une
aspiration au plaisir et au désir incomparable.
Donc cette femme vit encore sous les coups de cet
homme, elle vit aussi en lui donnant tout autant
qu'elle reçoit ! C'est très honnêtement parfois gênant,
dérangeant, c'est un nouveau roman différent des
autres, donc cela explique un peu la délicatesse de
s'y adapter à nouveau, de s'y habituer un tantinet.
Parfois j'ai aimé, parfois moins. J'apprécie la
dramaturge, je n'idolâtre pas l'apprentie romancière
érotique. C'est confus, le style est haché et pêle-mêle,
c'est encombrant, mais langoureux et sensible, bref
c'est confondant. J'hésite...
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 31 août 2005
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