En 2003,
André Bucher, venu à l’écriture sur le
tard, avait ravi nombre de ses lecteurs par son
premier roman Le pays qui vient de loin,
belle histoire de filiation dans une nature omniprésente
et magnifiée. Ceux qui vont découvrir le second
ouvrage ne seront donc pas surpris de retrouver le même
environnement, celui de la vallée du Jabron,
quelques kilomètres au-dessus de Sisteron. Donc pas
surpris, et même plutôt heureux de se retrouver en
un terrain de connaissances que cet homme qui
s’adonne aussi bien à l’agriculture biologique
qu’aux lettres foule depuis longtemps. Et enfin
pas déçus qu’ André
Bucher passe avec brio l’écueil
redoutable du second roman.
C’est autour de Tristan que le roman se
cristallise. Quand il débute, Tristan a six ans,
c’est un petit garçon un peu sauvage qui aime à
se réfugier dans les tilleuls se liant d’amitié
avec deux oiseaux : un merle et une corneille.
De cette cachette protectrice, il assiste de loin à
l’assassinat de sa mère Blanche par deux évadés
de la prison de Gap. La vie de Tristan bascule,
souvent son horloge intérieure fait des pauses et
pendant qu’il sombre dans un mutisme durable, son
père s’enferme de plus en plus dans l’alcool.
Confié à M Jourdain « le médecin de
l’esprit », Tristan a une scolarité
difficile et solitaire, découvrant le plaisir des
mots. Lorsque son père revient d’un voyage avec
Maryse, une belle jeune femme qu’il épouse, les
choses s’arrangent. La petite famille déménage
et rénove une vieille maison transformée en
auberge Le cabaret des oiseaux, qui est également
le nom d’une plante fournissant des graines dont
merles et corneilles sont friands.
L’adolescence de Tristan est marquée par le goût
des secrets réels ou imaginaires qu’il partage
avec un vieux berger Germain devenu son ami, avec
son institutrice Madame Dunand et enfin avec Maryse
rebaptisée « la mère seconde ».
Sa
passion des mots et donc de l’écriture
s’accompagne de celle de la musique et plus
particulièrement du blues auquel Germain l’éveille.
A dix-neuf ans, par une répétition ironique de
l’histoire, il revit le même événement, cette
fois perpétré à l’encontre de Maryse par deux
hommes qu’il abat. Son séjour en prison et la
mort de son père finissent de façonner ce petit
homme fragile et attachant.
Une
fois encore, il y ici pas mal d’âpreté et de
rudesse qui servent le plus souvent à dissimuler
l’amour et l’amitié que ces êtres cabossés
par la vie et ses coups de sort se portent les uns
aux autres. Une fois encore, la nature et ce qui la
compose : arbres et animaux constitue plus
qu’une simple toile de fond. Elle est un
personnage à part entière, un univers dans lequel
Tristan retrouve une sorte d’équilibre.
L’auteur trouve ses plus belles phrases poétiques
et envolées lorsqu’il l’évoque.
André Bucher
confirme un an après tout ce que son premier livre
suggérait : une belle écriture simple et
puissante, à la fois lyrique et austère, un goût
pour des caractères forts et trempés et un amour
de sa région qu’il sait faire partager avec
talent.
Patrick
Braganti
Plus+
la
chronique de : Le pays qui vient de loin
le
site de l'éditeur
un
extrait du livre
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