Donald
Westlake - le couperet
Rivages
poche - 2001
Burke
Devore est cadre supérieur dans une usine de papier
pendant vingt-cinq ans. Son entreprise se restructure et
Il se retrouve chômeur. Au bout de deux années de galère,
décide de passer à l’offensive. «Aujourd’hui,
notre code moral repose sur l’idée que la fin
justifie les moyens. Il fut une époque où c’était
considéré comme malhonnête, l’idée que la fin
justifie les moyens. Mais cette époque est révolue.
Non seulement nous y croyons, mais nous le disons. Nos
chefs de gouvernement justifient toujours leurs actions
en invoquant leurs buts. Et il n’est pas un seul
P.-D.G. qui ait commenté publiquement la vague de
compressions de personnel qui balaie l’Amérique sans
l’expliquer par une variation sur la même idée :
la fin justifie les moyens ".
En s’appuyant sur cette nouvelle théorie du
capitalisme primaire, le héros, Burke Devore, décide,
dans sa course à l’emploi, d’éliminer un à un ses
concurrents potentiels pour l’emploi qu’il vise.
Lorsqu’il aura fait place nette, il lui restera à éliminer
le titulaire du poste qu’il désire. Bien sûr, en bon
père de famille soucieux du confort de ses proches, il
ne fait pas ça de gaieté de coeur, mais il sait que
c’est la seule solution pour lui de garder la tête
haute et ne pas sombrer (au fond, une sorte de
Jean-Claude Romand inversé).
Dans la grande
tradition de polar américain, « le couperet »
trouve ses fondements dans la société et se lit comme
une réflexion, une parabole sur système capitaliste
actuel. A travers ce roman Westlake nous propose une
vision du libéralisme économique en vogue partout mais
surtout aux états-unis. A travers la dureté d’un
système, il montre comment un homme retourne contre la
société l’arme avec laquelle elle s’est débarrassée
de lui par une élimination froide et déshumanisée.
Au fond, Westlake, avec son humour,
son sens de la dérisions et son écriture aiguisée,
nous propose un point de vue, en forme de thriller, sur
les ravages du capitalisme à outrance dans nos sociétés
occidentales contemporaines.
Et c’est emporté
par la curiosité que l’on dévore les 333 pages de ce
polar, pressé que l’on est de savoir si notre héros
va arriver à ses fins et ainsi donner raison à ses
actes.
Benoît
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