"De la famille, il ne reste que les
hommes".
C'est l'histoire d'un homme, donc, qui retourne en
vacances dans son village natal, où vit toujours sa
famille.
Cette
année, dans ce Sud écrasé de chaleur, il pourra
se baigner. La piscine est enfin terminée. Elle a
été gagnée sur le potager du grand-père qui lui,
ne s'est jamais baigné de sa vie. Le narrateur va
alors pouvoir s'alanguir, alors que ces frères
continuent leur labeur paysan.
Mais
cette fameuse piscine devient vite le déclencheur
d'une intrigue familiale, meurtrière et muette, où
la violence se gère sans culpabilité aucune.
Dès le début de la narration, il semblerait qu'il
se soit passé des événements difficiles dans
cette famille. Des pistes sont lâchées. Un mot,
une évocation suffisent au lecteur pour comprendre
que cette famille conserve ses secrets. Mais aucune
piste ne sera donnée. Et c'est bien ce mystère qui
tient en haleine la lecture. Il y avait des femmes,
il n'y en a plus. Reste la "petite" qui rôde.
Mais d'où vient-elle ? Qui est-elle ? On comprend
à demi-mot qu'elle est la sœur illégitime. Elle
tourne autour du narrateur et lâche des phrases qui
sonnent comme un oracle.
Le
premier meurtre est commis sans culpabilité, en
silence, avec évidence presque. Il ouvrira le bal
aux prochains qui resteront dans le même ton.
Dans cet univers troublant se dressent des
personnages calmes et attachants. La complicité
muette de ces trois frères, leurs échanges qui se
passent de mots sont autant d'ellipses qui donnent
à ce roman un charme surprenant. Et a contrario
certaines scènes sont décrites avec un soin précis
et comme ciselées au scalpel.
Pascal
Morin jongle avec son lecteur : si on se laisse
entraîner, on pourrait douter d'une réalité évoquée
et penser qu'il s'agit d'un rêve. Petit cou de
fouet : c'est bien la réalité.
Pascal
Morin est professeur de lettres et de cinéma. Les
scènes de son premier roman semblent être découpées
au même titre qu'un film est monté : majestueuse
mise en scène qu'on aimerait voir en images.
L'eau
du bain est
d'une douce violence. Un oxymoron.
Delphine
Montalant
Date de
parution : septembre 2004
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