David
Leavitt - Quelques pas de danse en famille
1/2
Editions
Denoel -1986
A mon avis, on a souvent tort de considérer les nouvelles
comme un genre mineur en littérature. Certes, il est
facile de faire l’analogie entre ce genre et ce que sont
les courts métrages pour le cinéma, mais il n’est pas
faux non plus de dire que dans les deux cas, ils peuvent
constituer une belle rampe de lancement pour leurs auteurs
respectifs.
Enfin,
dans ces périodes d’accélération du temps, de zapping
permanent, la nouvelle a le mérite d’être forcément
courte, ne nécessitant pas des heures de lecture.
David LEAVITT
est né en Californie et il s’agit ici de son premier
recueil de nouvelles – neuf en tout – qui l’a
rapidement propulsé au premier rang des nouveaux auteurs
américains.
Neuf
histoires de famille qui mettent surtout en relief les
relations difficiles entre parents et enfants composent
cet ouvrage : un fils présente son amant à sa mère ;
une mère cancéreuse affronte ses trois jeunes enfants ;
une femme divorcée qui retrouve sa famille et son mari
lors de vacances tumultueuses ; une autre femme dont
la vie a éclaté après un accident de la route ; un
garçon qui ne supporte pas la révélation de son père
homosexuel ; une réception de remise de diplôme
organisée par une mère pour son fils qui tourne mal, etc
….
Nous avons ici affaire à des tranches de vie, des épisodes
pendant lesquels nous entrons en contact très vite avec
les personnages et les laissons au détour d’une page,
comme en suspens. C’est évidemment le propre de la
nouvelle de ne jamais proposer une fin nette.
Il
y a dans tous ces courts récits beaucoup de souffrance,
de dignité, d’interrogations et l’auteur sait
parfaitement en rendre compte, soit à travers les
dialogues qui en composent une grande partie, soit à
travers les états d’âme des protagonistes.
La mort, les séparations sont souvent présentes dans ces
nouvelles. On sent y poindre beaucoup de nostalgie, de désillusions
et de résignation aussi.
La
diversité des situations ne cache pas pour autant un
certain fil conducteur qui relie toutes ces histoires :
l’éclatement des familles, les relations qui vont à
vau l’eau et la raréfaction des communications entre
individus.
En lisant ce livre, j’ai aussi pensé à d’auteurs américains
comme Raymond CARVER ou Brady UDALL qui ont
aussi écrit des recueils de nouvelles, sachant
parfaitement décrire en quelques pages des caractères,
des bribes de vie.
David LEAVITT
a depuis publié d’autres ouvrages. Espérons qu’il y
confirme son talent très prometteur.
Patrick
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