Germaine
Beaumont..!
Personnellement, et en toute honnêteté, je ne la
connaissais pas. Et pourtant, quelle femme !
Normande, née vers la fin du 19ème siècle, elle
dessine très vite son propre chemin, en quittant
mari, enfants et s'exilant en Angleterre où elle
se nourrira de littérature pendant dix ans. De
retour en France, elle fera la rencontre de sa
contemporaine, Colette, qui
l'aidera à travailler dans le journal de Henry
de Jouvenel. Elle écrira aussi, son
premier roman Piège sera récompensé du
prix Renaudot en 1930. Mais sa véritable passion,
ce sont les romans policiers qu'elle va permettre
de développer dans l'édition française, en
publiant et traduisant certaines oeuvres féminines
chez Plon, où elle officie. La carrière et la
vie de cette dame est riche, passionnante et étourdissante...
Mais ce livre que publie aujourd'hui Le Dilettante
n'en parle qu'en préface ! En fait, Si je
devais... regroupe l'essentiel de ses
chroniques !
A peine deux pages suffisent pour dire, de manière
combinée, toute en poésie et sécheresse, les
petits travers du monde de Germaine Beaumont
: paysage littéraire, manies de ses semblables,
bref elle épingle ! De la femme seule, du
romantisme et du Diable dans les romans, des
saisons, des gens qui s'ennuient, de Dickens
(le père Noël en personne !), des malles, des
clefs (des malles et des maisons qui les contiennent
!), de l'enfance, du jardin, de la contemplation,
des êtres imaginaires, de la mode de "l'enquête",
des voyages, des oeufs de Pâques, de Gulliver,
des élèves studieux, des voyages sur la lune et
des gens dans la lune, de la chanson française, la
pluie d'été, la fin des lettres écrites à la
main, les ballons rouges, etc... C'est beaucoup pour
résumer ! Il y a 42 textes pour 160 pages, faites
le compte...
Mais le plus beau pour la fin : Si je devais...,
une chanson, un poème ? Qui sait, comment qualifier
cet hymne qui ressemble à un testament de l'auteur
pour ses héritiers, ses lecteurs. "Si je
devais partir, ne me cherchez pas dans le souvenir
de ce que j'ai fait ou dit"... "s'il se
peut qu'après moi quelque chose demeure, vous ne le
trouverez qu'en ne le cherchant pas" ! Bien vu.
Pourtant, pour donner un coup de pouce au hasard, et
permettre au lecteur incertain d'ouvrir ce livre,
que son fantôme nous permette "de chercher
dans les pages du livre aimé" et d'en faire
son écho, il faut donc en parler, fouiller,
explorer... Ce qu'elle refusait ! De plus, ceci
n'est pas écrit à la main, elle m'en aurait voulu.
Cette amie de Colette, cette
traductrice du Journal d'un écrivain de Virginia
Woolf, cette audacieuse, talentueuse plume,
intelligente, ironique et qu'un rien aurait poussé
vers le féminisme... C'est une véritable découverte
!
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 05/11/2005
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