Soudain, un mot fit irruption
dans sa tête : swiftitudes. Il s'imposa comme le titre de
son histoire. Swift accompagné de "-itudes" qui
la ramenait aux mots "étude",
"certitude", attitude", "plénitude",
tous quatre condensés en un seul et couronnés du nom de
l'illustre écrivain. Ou
Comment un écrivain perdu de vue depuis longtemps (en
l’occurrence Swift), peut prendre la place d’un
homme dans la tête d’une jeune fille en proie au
chagrin d’amour. Telle est l’idée développée par
l’écrivain Estelle Lemaître dans son premier
roman intitulé swiftitudes sous-titré, en
substance, De
la rapide consolation d'un chagrin d'amour.
Hasard ou
pas, après une rupture avec son petit ami, notre héroïne
se mets à rêver
de l’écrivain Jonathan Swift au moment où son
ex-petit ami vient d’écrire dans un journal un article
faisant référence à l’auteur des voyages de
Gulliver. A partir de ce moment-là, elle décide de
se plonger corps et âme dans cette brèche qui s’ouvre
à elle et va compenser son échec amoureux par une
recherche de sens intense autour de Swift.
En se plongeant au cœur de
l’œuvre de cet écrivain irlandais, elle va le faire
entrer dans son quotidien et ne laisser quasiment plus de
place que pour lui.
En
immergeant son héroïne dans la littérature de Swift (et
d’autres) Estelle Lemaître met en place un
récit emprunt de rêverie et de légèreté qui donne
l’impression de la voir évoluer sur un petit nuage
au-dessus du monde du réel dont elle semble s’éloigner
un peu plus au fil des pages.
En jouant en permanence avec son personnage, le
texte et les souvenirs, Swiftitudes vous fait
tourner la tête et vous convie à partager les délires
les plus aboutis et les divagations les plus folles imaginés
par l’auteur.
Swift, Swift et encore Swift... il n’y en a décidément
plus que pour lui. Tout est Swift et tout le devient, même
les mots, puisqu’elle en vient même à créer un néologisme
d’après le nom de l’auteur : un condensé des
mots étude, certitude, attitude et plénitude, précise
t-elle.
Poussant le thème de la séparation amoureuse dans une
direction totalement inédite et singulière, Estelle Lemaître réussit un roman vif et printanier dans
lequel elle évite le nombrilisme thérapeutique et
lourdingue.
Dans un style très écrit et très posé, un peu à
l’ancienne et avec une syntaxe soignée, elle redonne
ses lettres de noblesses aux belles phrases, à la belle
littérature. Sans la moindre austérité, elle nous offre
un roman charmant et plutôt exquis, et pour peu que vous
soyez amateur des romans de Swift… alors là...
Benoît
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