Serge
Joncour - UV
Le
dillettante - 2003
Il est des livres comme ça, très cinématographiques dans leur
construction, dans la forme, dans la mise en place des
événements, dans le développement de l’intrigue.
Des livres qui se lisent comme on regarde un film à
l’écran, captivés que nous sommes par ce qui se déroule
sous nos yeux. De cette forme de littérature, UV en est
un exemple flagrant. Véritable film sur papier, ce
roman nous tient en haleine durant plus de 200 pages
sans que notre attention ne faiblisse un instant. Un
roman pour ceux qui aiment les intrigues familiales à
la Chabrol. Quand je vous parlais de cinéma...
Mais commençons par le commencement , si vous le voulez
bien, et
plantons le décor et les personnages.
Dans une villa,
sur une île bretonne (la superbe et tranquille île de
Bréat), alors que la canicule est à son paroxysme, une
famille passe ses vacances tranquillement. Un homme débarque
et se présente comme l’ami de Philip. Seulement
Philip n’est pas là. Il n’arrivera que demain, après-demain
au pire, on ne sait pas. Très vite l’homme en
question, qui se prénomme Boris, se sent très à
l’aise et s’installe comme si de rien n’était. Il
joue de son charme auprès du père, de la mère et des
sœurs qui le trouvent irrésistible.
Seul le frère, André-Pierre, se méfie. Il
n’aime pas ce genre de type, balnéaire et bronzé,
André-Pierre qui ne cesse de ressasser cette question :
mais pourquoi Philip n’arrive-t-il pas ? Alors
tout le monde guette en vain le large en espérant voir
arriver rapidement Philip qui doit tirer les feux
d’artifices pour le 14 juillet.
En voulant susciter le besoin chez le lecteur de
savoir ce qui se passe à la page suivante Serge
Joncour met en place une histoire solide. Dans cette
dernière, il
installe patiemment ses personnages et les fait évoluer
au fil des heures en fonction de l’attente et de
l’angoisse qui naît petit à petit chez André-Pierre,
le seul personnage en opposition avec les autres membres
de la famille. Alors cette méfiance se communique petit
à petit au lecteur qui ne sait plus à quel saint se
vouer, entre la trop grande suspicion d’André-pierre
et l’insouciance totale des autres nourrie par la
perception qu’ils ont de Philip.
Sans rien dévoiler de la fin, on dira juste
que le dénouement du roman tient toute ses promesses.
Il vaut bien la si longue attente du retour de Philip.
Avec UV, Serge Joncour confirme, dans un style vif et soigné,
tout le talent que la critique lui prêtait après la
parution de ses précédents romans. Cette fois-ci il
nous sert une
intrigue palpitante qui nous plonge au cœur d’une
famille bourgeoise. Sans aucun cliché, il centre
habilement son récit sur les personnages, sur leurs
rapports entre eux, induits par l’absence de Philip.
Uv vous fera, à coup sûr, passer un agréable moment avec la
sensation de lire un roman malin est bien ficelé.
Benoît
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