roman

Claire Castillon - Vous parler d'elle     

Éditions Fayard - 180 p, 14€ - 2004

 

 

    

    Le dernier roman de Claire Castillon se résume à deux syllabes : trou-blant. On plonge dans cette histoire en apnée, on en ressort en fermant le livre, après l'avoir lu d'une traite. Les idées sont confuses, mêlées, embrouillées. On se demande si on a tout compris, si on n'a pas divagué... On retourne le livre et relit la quatrième de couverture et là j'ai le sentiment d'expirer. De saisir l'intention de l'auteur. Et de me frotter les yeux et de me pincer : non, tu n'as pas rêvé.

 

    Vous parler d'elle, c'est parler d'une jeune fille sans nom, qui parle d'elle à la première personne. C'est une enfant qui se réfugie sous le toit de sa maison, sous le toit de son enfance. De là, elle se cache et guette les bruits dans la maison. Et tour à tour elle va dégainer une litanie de souvenirs, de désordres réels ou imaginaires, de songes, de désespoirs. Bref, on ne sait plus trop si l'on est dans le vrai ou l'irréel. C'est ça le problème. Cette jeune fille parle de sa famille : une maman chérie qui travaille à la pharmacie, en habit de bourgeoise et les ongles peints de vernis. Un papa que sa soeur et elle se disputent l'amour absolu. Un petit frère qui souffre d'une paralysie du palais et ne peut plus parler pendant des années. Et puis il y a aussi les amours, essentiellement le Menteur. Et de cet homme, elle souhaiterait s'en débarrasser, régler ses comptes et se montrer la plus forte.

    C'est bizarre, à la fois bouleversant et dérangeant. L'univers de Claire Castillon est bizarroïde, on s'aime trop fort, on se venge par coups bas et on se déteste à vie. On ne pardonne rien, jamais, et puis on s'en veut, on supplie d'être pardonné, en rampant. C'est proche de la perversion, mais c'est écrit en toute innocence. Comme si on n'y pouvait rien et qu'il fallait s'en excuser.

    En somme ce roman, c'est la libération de cette narratrice de ses vieux démons, ses "pouilleries" comme elle dit. Elle les dépose, s'en débarrasse. Trop contente car ils l'habitent depuis trop longtemps. Et trop, c'est trop. Au lecteur, donc, de s'en saisir et de les prendre, les porter, mais ça ne leur ira pas car ce sont celles d'une autre. Evidemment.

 

Stéphanie Verlingue

 

Date de parution : août 2004 

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