Mathieu
Boogaerts - Michel
Tôt
ou tard/Warner - 2005
[4.0]
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Depuis
plusieurs jours, Michel, nouvel album de Mathieu
Boogaerts revient hanter inlassablement les platine.
Il aura d’abord fallu de multiples écoutes pour
trouver les clés de ce nouvel album, s’imprégner de
son atmosphère pour ensuite s’y attacher définitivement.
Abord
difficile, sans doute parce qu’au contraire des précédents
opus, Mathieu Boogaerts n’y apparaît pas comme
le joyeux drille échevelé de Super, ni comme le
boute-entrain capable de créer un petit brûlot pop sur
la fin d’une relation (cf. j’en ai marre d’être
deux). Non. Michel, double imaginaire de Boogaerts
au pays des songes, parle cette fois de lui en
profondeur, avec une spontanéité exemplaire et une
noirceur déroutante. Michel se raconte avec un
oubli de l’effervescence comique qui faisaient le
charme lumineux de la pop des précédents albums. Mathieu
Boogaerts a vieilli, Mathieu est plus mûr, Michel
a éteint la lumière pour ne garder qu’un certain
minimalisme jazzy, désormais « patte » du
multi-instrumentiste. Mais adieu le goût de chewing-gum
à la fraise et les bulles de savon. Témoin de ce
travail sur l’intimité : Boogaerts
compose joue et arrange tout, tout seul, en acoustique,
en quelques semaines, avec la complicité des dévoués
protagonistes du label.
Les
textes confirment cette impression de proximité
et de spleen. Composés entre Barcelone et
Berlin, ils abordent des sujets plus graves, plus
adultes, vus par la lorgnette d’un auteur désabusé
et plein d’humour noir (cf. appelez les
pompiers). La suspicion dans le couple, les envies
de quitter la ville, renier Paris, les réflexions sur
la réussite, les pensées sur les choses réellement
essentielles, la mort, le sentiment amoureux,
l’importance d’être deux, la tromperie, le sexe
Kleenex, le
vécu des ruptures, la reconstruction, les regrets, le
coup d’œil dans le rétroviseur du temps, la
solitude… sont autant de thèmes abordées par
l’auteur. Thématiques chères à nombres de
trentenaires en perpétuel doute. Thématiques qui
trouvent écho dans la batterie au ralenti et
les arpèges exceptionnels de la guitare de
l’auteur.
Un
album qui finit par provoquer chez l’auditeur une
certaine mise au diapason et une introspection quasi
psychanalytique. On en sort endolori et cabossé, mais
on est bien forcé d’admettre qu’une fois de plus, Mathieu
Boogaerts a réussi l’exploit de fournir un album
auquel on adhère pour des raisons autant personnelles
que réellement musicales.
Denis
Verloes
Tracklist
01.
Une bonne nouvelle
02. Pardonne
03. Siliguri
04. Keyornew
05. Un petit peu de crème
06. Dommage
07. Ami du bateau
08. Quelque chose
09. Appelez les pompiers
10. Retrouver
11. J’sais pas où t’es parti
12. Qui va là ?
Durée
: 36’
02’’
Date
de sortie :5
avril 2005
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Mathieu
Boogaerts – 2000
Interview
Mathieu Boogaerts
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