Milieu ouvrier, Nord de la France. Elisa est mariée à Gilles, ils ont deux petites filles, attendent un troisième enfant. C'est l'amour tranquille, le cocon familial idyllique, Elisa est amoureuse de Gilles, et réciproquement.
Puis, le grain de sable dans l'engrenage, la peccadille
éhontée qui va bouleverser ce calme plat : Gilles a une aventure avec Victorine, la soeur d'Elisa. Mais celle-ci va le "sentir", comme ça, soudainement. Un regard, un sentiment, l'air... ça la bouscule, la bouleverse. Mais au lieu de réagir, de forcer les coupables à se dénoncer et cesser toute duperie, Elisa s'enfonce dans le silence. Elle guette les signes, perd goût au quotidien mais surtout tremble de perdre l'amour de Gilles. Ainsi pour prévenir cette éventualité, elle se tait, camoufle toute connivence, recueille la confession du mari, courbe l'échine mais jamais ne se rebiffe. Par contre, ce mal la ronge.
Soit, son côté "bobonne" fait bondir ! On s'insurge contre le mari adultère, la
sœur intrigante, contre les gens qui pensent qu'elle "ne vaut pas mieux si elle accepte sans rien dire", contre la mère qui blâme sans tout savoir... On plaint beaucoup Elisa, on a du mal à comprendre son chemin de croix, son martyr silencieux. C'est beau, tout cet amour ? Bof. Et puis, il y a cette citation, "sans amour je ne suis rien" et "à quoi sert de vivre sans cet amour".
Donc La femme de Gilles, c'est la dévotion d'Elisa. Jusqu'au bout. Jusqu'à la fin imprévisible. C'est une histoire de totalité, d'égoïsme et de goujaterie, encore un procès contre l'homme, bête et individualiste. Ce roman est très poignant, le portrait d'Elisa est sensuel, également dramatique et vibrant d'émotion. Une telle leçon ne laisse pas indifférent !
Stéphanie Verlingue
Date de
parution : novembre 2004
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Ce roman a été adapté au cinéma par Frédéric Fonteyne en 2004, avec Emmanuelle Devos dans le rôle d'Elisa.
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