Un
jeudi d'octobre 1986, Myriam rencontrait Fred sur un
air de Martha Davis. Instant de grâce : le jeune
homme est sous le charme. Or, Myriam partage sa vie
avec Thomas, jeune cadre dynamique. La vie passe...
Fred, Myriam et Thomas deviennent un couple à
trois, indissociables. Ils s'aiment à leur façon,
un peu à la Jules et Jim, mais ils ont une histoire
à eux, beaucoup plus nuancée pour être contenue
dans une case. Impossible à juger. Simplement, ces
trois-là sont des statues de cire qui ne se parlent
pas ouvertement. Ils s'observent, ont des fantasmes,
des attirances, des envies, des manques, des
frustrations, et dans le fond ils se loupent. Mais
ce n'est pas grave.
Car ce tout nouveau roman de JP Blondel est
vraiment tout nouveau, complètement différent de
son style habituel et de son créneau "petite
madeleine de Proust" (raconter sa vie sur
le souvenir d'un objet ou d'une chanson). "Passage
du gué" est un roman beaucoup plus
impudique, tout en demeurant sur sa réserve. Il
aborde un sujet plus délicat, plus subtil. C'est
une démarche osée pour l'auteur, il pénètre un
territoire épineux qui concerne les relations entre
homme ou femme, il aborde le désir, l'attente, la
convoitise. Il se met dans la peau d'une femme et
exprime le vide dans son ventre. Il met en lumière
l'ambivalence des amitiés masculines. Il devient
aussi le lien de transition, celui qui passe le témoin,
chasse la souffrance, pousse les souvenirs vers leur
sortie. Chez Blondel, on parle alors de la
"mémoire des corps", c'est une notion
raffinée qui concerne une relation intuitive et
instinctive, maniée très intelligemment.
Ce roman a tout pour charmer, troubler, émouvoir et
bouleverser. Il vise des contrées secrètes. Il
place le lecteur en état de grâce. A aucun moment,
on ne peut deviner ce qui va arriver (et on ne doit
pas le dire). Et ces trois personnages, Fred, Myriam
et Thomas, on les prend dans nos bras, on les aime,
on leur souhaite qu'ils s'aiment à fond, qu'ils
s'en sortent. Leur histoire n'est pas finie et tout
lecteur gardera une place dans son corps en
souvenir...
Stéphanie
Verlingue
Date de
parution : 17/8/2006
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