Jiro
Taniguchi - Terre de rêves
Casterman/coll.
écritures- 176p, 12.75€ - 2005
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On en présente plus Jiro Taniguchi tant son œuvre
aujourd’hui fait référence en matière de BD
contemporaine. Du journal de mon père à Quartier
lointain, en passant par Le sommet des dieux,
Chaque album de Taniguchi est un ravissement tant
il donne l’impression d’être une forme
d’aboutissement en matière de récit intime. La
preuve en est, encore une fois, avec Terre de rêve
qui montre l’humanisme profond dont fait preuve cet
auteur à travers ses récits.
Terres de rêve se compose en 5 parties, écrites
initialement pour le magazine japonais Big comic
entre 1991 et 1992.
Les
quatre premiers forment une suite et traitent d’une
couple sans enfant qui assistent, impuissants, à la
mort lente de leur chien. Le chien, un être vivant, ici
caractérisé comme étant plus qu’un simple animal de
compagnie, mais véritablement comme un être totalement
lié au couple. Que l’on soit attaché aux animaux
domestiques ou pas, on perçoit ici toute l’étroitesse
des liens qui unis ce couple à cet animal, qu’ils
considèrent véritablement comme l’enfant qu’ils ne
peuvent pas avoir. A travers, leurs gestes délicats, à
travers leurs paroles, on est touché par la délicatesse
dont ils font preuve dans l’accompagnement à la mort
de cet être si cher. Dans les chapitres qui suivent,
il se décident à prendre une chatte avec eux,
et de nouveau, on les voit vivre une relation nouvelle
et toute aussi riche avec leur nouvel animal.
Ce qui est remarquable dans les histoires de Taniguchi,
c’est l’amour, au sent fort du terme, qui se dégage
de ses pages. Sans la moindre effusion de sentiment, on
ressent l’affection profonde que ces gens ressentent
pour leurs animaux , dans leur manière d’être, dans
leurs paroles, dans leurs gestes du quotidien, si bien
représentés ici par l’auteur.
Le cinquième chapitre, indépendant des quatre précédents,
raconte l’histoire d’un père de famille qui, après
avoir manqué une première fois l’ascension de l’Annapurna,
se retrouve, malgré lui, obsédé par la montagne et ne
peut se résoudre à accomplir cette ascension sous
peine de ne jamais être en paix avec lui-même.
Là
aussi, Taniguchi met beaucoup de finesse et
d’humanité dans son récit. Car ici le père se
trouve face à un dilemme : choisir entre vivre
tranquillement sa vie famille ou la risquer en haute
montagne à 8000 mètres d’altitude. Alors que dans
d’autres récits, ce choix aurait été sujet à bien
des déchirements, ici tout se passe avec beaucoup de
sagesse et de compréhension. La femme sait que son mari
doit accomplir cette ascension et ainsi réaliser son rêve,
c’est pourquoi elle l’encourage et lui prouve ainsi
tout son amour.
En deux récits fort poignants, Terre de rêve
témoignage une fois encore du talent graphique
et narratif de Jiro taniguchi à mettre en scène
la vie dans ses détails les plus infimes. Un récit
abouti et puissant qui continue de nous faire découvrir
un œuvre sans cesse plus belle.
Benoît
Richard
Date
de parution : février 2005
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